Oignon / Etude Afrique de l’Ouest

Évaluation sous-régionale de la chaîne de valeurs oignon/échalote en Afrique de l’Ouest.

Bethesda, MD : projet ATP, Abt Associates Inc. D’Alessandro, S. & Soumah A., décembre 2008.


La présente étude de la chaîne de valeurs, la plus récente sur le sujet, commanditée par le Projet Agribusiness and Trade Promotion (ATP), aborde essentiellement le commerce de l’oignon et de l’échalote en Afrique de l’Ouest

Cette étude présente une analyse récapitulative de la chaîne de valeurs de l’oignon/échalote en Afrique de l’Ouest. Les auteurs espèrent que cette étude renforcera la compréhension de la structure globale de la chaîne de valeurs et de la dynamique (c’est-à-dire, le comportement des entreprises, la gouvernance, l’environnement politique, les infrastructures, etc.) qui détermine la compétitivité. Après avoir fourni le contexte du marché mondial de l’oignon/échalote et la position relative de l’Afrique de l’Ouest dans ce marché, l’étude présente les différents acteurs qui interviennent dans la chaîne de valeurs et les rapports entre lesdits acteurs qui régissent le comportement individuel et au niveau de l’entreprise. La section 3 dresse le portrait de quatre principaux marchés terminaux sur la base des conclusions résultant des évaluations rapides du marché. L’étude se termine avec un résumé des principaux résultats et une proposition de recommandations.


Extraits / résumé de l’étude

Plusieurs pays, le Nigeria, le Niger, le Sénégal, le Burkina Faso, sont de grands producteurs d’oignon. Toutefois, seuls le Niger et le Burkina Faso (et le Mali dans le cas des échalotes) produisent des quantités qui excèdent la demande intérieure.

L’oignon est un des légumes crus les plus commercialisés dans le monde grâce à sa durée de conservation relativement longue.

Avec une production annuelle moyenne de 1,1 million de tonnes environ, l’Afrique de l’Ouest représente moins de 2% de la production mondiale d’oignon. Le plus grand producteur de la région, le Nigéria, est également un importateur net à cause de sa forte population, qui consomme toute la production annuelle du pays qui est évaluée à 618 000 tonnes.

Le Niger, considéré comme le premier et plus important exportateur de la région, aurait produit 447 000 tonnes en 2008 (ORO/AOC, 2008), tandis que la production du Sénégal aurait selon certains rapports atteint 137 000 tonnes pendant la saison 2006-2007.

Ces statistiques qui sont souvent basées sur une compilation de données officielles et officieuses, sous-estiment probablement les volumes réels et ne traduisent pas l’importance croissante du Burkina Faso en tant que producteur et grand exportateur dans la région.

Les rendements moyens de récolte d’oignon en Afrique sont les plus bas au monde ; plus de 16% en-dessous de la moyenne mondiale qui est de 20 t/ha, selon des statistiques disponibles de la FAO. Pour comparaison, les rendements moyens aux Pays Bas et aux États-Unis sont estimés à 41 t/ha environ et 62 t/ha respectivement.

Il faut aussi remarquer que, même si la consommation d’engrais a quintuplé de 1970 à 2000 en Afrique de l’Ouest, elle continue d’être la plus faible du monde et plus de 10 fois inférieurs à la moyenne mondiale (IFDC, 2006).

Avec sa longue tradition de culture d’oignon qui remonte bien au delà de l’ère précoloniale, le Niger a le taux le plus élevé de consommation par habitant, 16 kg/an, contre une moyenne régionale de 4 kg/an/habitant. Les oignons sont aussi consommés à des taux relativement élevés au Sénégal (13 kg/an/habitant).

En termes d’exportation, le Niger et le Burkina Faso sont les deux seuls pays en Afrique de l’Ouest qui produisent des oignons en quantité suffisante pour satisfaire la demande intérieure et pour exporter leur excédent. Malheureusement, la faible capacité des États à surveiller les flux transfrontaliers – en particulier lorsqu’une grande partie des échanges est effectué par le secteur « informel » - ne facilite pas une analyse et une compréhension plus exhaustive de la portée actuelle du commerce sous-régional.

La croissance annuelle continue de la production du Burkina Faso a été très forte au cours de ces dernières années, et les chutes de prix consécutives à la saison de récolte ont été brusques, notamment pendant la saison de commercialisation 2007/2008. Cette chute des prix a soulevé des questions qui font réfléchir par rapport à la stabilité à court terme du marché. En général, la chaîne de valeurs oignon/échalote de l’Afrique de l’Ouest est caractérisée par une forte saisonnalité et d’importantes insuffisances structurelles et organisationnelles qui entravent la capacité des producteurs à satisfaire entièrement la demande du marché sous-régional tout au long de l’année. Cette situation a permis à d’autres pays plus efficients et producteurs de plus grande valeur, de l’UE et d’ailleurs, d’exploiter ce qui constitue un fossé de compétitivité croissant en ciblant les marchés de l’Afrique de l’Ouest, particulièrement pendant les mois de morte-saison.

La présente étude basée sur l’opinion des acteurs reconnaît l’importance des divers écarts de compétitivité existant dans la chaîne d’approvisionnement, qui doivent être traités en vue de permettre à l’Afrique de l’Ouest de tirer profit de l’accroissement du commerce intra-régional d’oignon/échalote dans les années à venir. Ces contraintes sont entre autres les suivantes :
- La non maîtrise du système de conservation des oignons/échalotes par les producteurs entrave considérablement leur capacité d’approvisionnement des marchés, et leur capacité à répondre pendant toute l’année à la demande du marché sous-régional et à mieux réguler les flux de produits et les prix.
- La corruption endémique et l’infrastructure routière inadéquate des principaux corridors de transport de la région aggravent les risques liés à la commercialisation et augmentent les coûts généraux du transport des produits vers les marchés.
- La disponibilité irrégulière ou la pénurie/coût élevé des intrants agricoles de qualité accessibles telles que les semences améliorées, les engrais, l’équipement d’irrigation et autres outils d’amélioration de la productivité, réduit considérablement la capacité de production des producteurs d’oignon et d’échalote de la région.
- L’accès limité des producteurs et des commerçants à l’information actualisée sur le marché réduit leur capacité à anticiper et à répondre convenablement aux risques et opportunités du marché.
- L’absence de concertation entre les acteurs de la chaîne de valeurs oignon/échalote autour des questions d’intérêt commun (gestion de l’offre, normes de qualité, contrat commerciaux, actions de plaidoyer, etc.) occasionne le manque d’organisation du marché.
- Les rapports informels et la capacité d’organisation inadéquate qui prévalent tout le long de la chaîne de valeurs limitent l’accès au crédit formel et réduisent les investissements dans la productivité et les améliorations du profit.

Plusieurs de ces insuffisances sont systémiques, y compris les infrastructures de stockage et de transport inappropriées et les taxes officielles et officieuses très élevées, et ne se limitent certainement pas au commerce d’oignon et d’échalote. Cependant, pour que les producteurs de l’Afrique occidentale soient en mesure de soutenir la concurrence dans leur région, les leaders régionaux doivent entreprendre des efforts plus concertés en vue de renforcer la coordination des politiques et créer un environnement plus propice à l’amélioration de l’efficacité, à la réduction des coûts et à la facilitation de la libre circulation des marchandises. La section suivante présente une étude de la chaîne de valeurs oignon/échalote de la production à la consommation.

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