Agro-industrie tomate

Histoires de tomates dans la mondialisation (dossier).

Que mange-t-on quand on ouvre une boîte de concentré, verse du ketchup dans son assiette ou entame une pizza ? Des tomates d’industrie. Transformées en usine, conditionnées en barils de concentré, elles circulent d’un continent à l’autre. Toute l’humanité en consomme, pourtant personne n’en a vu.
Où, comment et par qui ces tomates sont-elles cultivées et récoltées ? Durant deux ans, des confins de la Chine à l’Italie, de la Californie au Ghana, Jean-Baptiste Malet a mené une enquête inédite et originale. Il a rencontré traders, cueilleurs, entrepreneurs, paysans, généticiens, fabricants de machine, et même un « général » chinois.
Des ghettos où la main-d’œuvre des récoltes est engagée parmi les migrants aux conserveries qui coupent du concentré incomestible avec des additifs suspects, il a remonté une filière opaque et très lucrative, qui attise les convoitises : les mafias s’intéressent aussi à la sauce tomate.

L’Empire de l’or rouge est un livre qui raconte le capitalisme mondialisé. Il est le roman d’une marchandise universelle.

Voici des articles sélectionnés par le RECA, qui présentent des parties de ce livre sur la tomate d’industrie.

- 1. La civilisation de la tomate / Le capitalisme raconté par le ketchup

Rédaction Jean-Baptiste Malet

La force d’un système économique tient à sa capacité à s’insinuer dans les moindres replis de l’existence, et en particulier dans nos assiettes. Une banale boîte de concentré de tomate contient ainsi deux siècles d’histoire du capitalisme. Pour son nouvel ouvrage, Jean-Baptiste Malet a mené une enquête au long cours sur quatre continents. Une géopolitique de la « malbouffe » dont il présente ici un tour d’horizon inédit.

L’industrie de la tomate se résume au fond à un cycle hydrique perpétuel et absurde : d’un côté, on irrigue massivement les champs dans des régions où l’eau est rare, comme la Californie ; de l’autre, on transporte les fruits dans des usines pour évaporer l’eau qu’ils contiennent afin de produire une pâte riche en matière sèche.

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- 2. Des produits chinois frelatés pour l’Afrique.

Rédaction Jean-Baptiste Malet.

Depuis vingt ans, les importations de concentré ne cessent d’augmenter en Afrique. Au Ghana, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), elles sont passées de 1 225 tonnes en 1996 à 109 500 tonnes en 2013. Plus de huit boîtes sur dix proviennent de l’empire du Milieu. À lui seul, le Ghana a importé 11 % du concentré produit en Chine en 2014 et le Nigeria, 14 %.

Mais encore faut-il s’entendre sur les mots. Car le produit destiné à l’exportation vers l’Afrique est un concentré coupé, une marchandise de seconde zone. Lors de l’édition 2016 du Salon international de l’alimentation (SIAL), à Paris, où les plus grandes conserveries chinoises tiennent un stand, nous nous faisons passer pour un acheteur potentiel afin de nous renseigner sur les prix. On nous propose aussitôt une grille tarifaire permettant de choisir le pourcentage réel de concentré que contiennent les boîtes. En effet, si les conserves destinées à l’Afrique indiquent en général « double concentré de tomate », elles ne contiennent en moyenne que 45 % de concentré, pour 55 % d’additifs et de colorants. « Sur le marché africain, la plupart des conserveries chinoises exportent des produits coupés, sans que l’étiquette l’indique », nous confirme depuis Parme M. Armando Gandolfi, le numéro un mondial du courtage de concentré de tomate.

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