La vallée du Goulbi N’kaba

La vallée fossile de Goulbi N’kaba au Niger, ressources et potentialités agro-sylvo-pastorales.

Ali Alhassane (1), Idrissa Soumana (1), Madjidou Oumarou (2), Ali Mahamane (3).

(1) Département des Productions animales, Institut National de la Recherche Agronomique du Niger, Niamey ; (2) Laboratoire de Recherche en Biologie Appliquée, Université d’Abomey-Calavi Cotonou, Bénin ; (3) Faculté des Sciences et Techniques, Université Abdou Moumouni de Niamey.

La vallée du Goulbi N’kaba, située dans la région de Maradi au Centre-sud du Pays, est l’une de ces zones agro-écologiques. Cette région est caractérisée par un fort taux d’accroissement de la population qui dépend essentiellement de l’exploitation des ressources naturelles à travers notamment les activités agricoles ce qui entraine une pression anthropique sur les sols et les ressources naturelles et une dynamique d’occupation des sols. Cette revue bibliographique a permis de mettre en exergue d’importantes ressources agrosylvopastorales dont regorgent cette vallée mais aussi des contraintes et des opportunités pour leur exploitation durable.

La vallée du Goulbi N’kaba est située dans la région de Maradi au Centre-sud du Niger. Elle prend sa source au Nigeria, traverse sur environ 270 km, avec une largeur variant entre 200 m et 5 km, le centre de la région de Maradi (Départements de Gazaoua, Tessaoua, Mayahi, Dakoro et Guidan Roumdji) et l’extrême sud-est de la région de Tahoua avant de retourner au Nigéria. Elle ne coule presque plus dans la partie nigérienne. Néanmoins, deux de ses affluents, prenant leur source au Nigéria (le Goulbi El Fadama et le Goulbi May Farou), ont des écoulements intermittents pendant la saison des pluies.

Cette région est caractérisée par un fort taux d’accroissement de la population qui dépend essentiellement de l’exploitation des ressources naturelles à travers notamment les activités agricoles ce qui entraine une pression anthropique sur les sols et les ressources naturelles et une dynamique d’occupation des sols. Cette revue bibliographique a permis de mettre en exergue les ressources agrosylvopastorales dont disposent cette vallée mais aussi des contraintes et des opportunités pour leur exploitation durable. Des propositions d’actions ont été faites pour exploiter durablement toutes les potentialités agrosylvopastorales de cette vallée et faire face aux différentes contraintes.

Voici quelques extraits :

Flore et végétation : La végétation du Goulbi N’Kaba est constituée de steppe arbustive et arborée à trois strates, arborée, arbustive et herbeuse. Hyphaene thebaica est l’espèce caractéristique de la vallée de Goulbi N’Kaba, celle qui lui a donné son nom, mais, des nombreuses espèces d’arbres sont associées au doum. Cependant, la dégradation des écosystèmes arides liée classiquement aux changements climatiques et les activités humaines entraine une modification de la flore et de la structure de la végétation. Ainsi, une étude conduite sur l’évolution de la composition floristique entre 2004 et 2014 révèle une diminution de la diversité floristique durant cette période. La diversité spécifique de 2004 (150 espèces) est supérieure à celle de 2014 (99 espèces).

Ressources en eaux  : Les formations géologiques de cette vallée renferment un aquifère à nappe alluviale libre captée à des profondeurs variant de 5 m dans le secteur amont, d’environ 30 m dans le secteur central et de moins de 20 m dans le secteur ava). Les débits d’exploitation sont plus importants dans les secteurs amont et aval où la nappe alluviale est moins profonde.

Ressources en sols : Dans la région de Maradi, quatre secteurs représentent de bonnes potentialités agricoles en raison des superficies irrigables qu’elles offrent. La vallée fossile du Goulbi Kaba avec 217 174 ha fait partie de ces secteurs. La doumeraie contribue beaucoup à la fertilisation des sols dans les champs.

Ressources pastorales : Malgré une emprise très forte de l’agriculture, la vallée de Goulbi N’kaba représente l’une des rares zones de parcours stratégique pour les éleveurs au niveau régional. Elle dispose d’un ensemble d’aire de pâturages accessibles grâce à un important réseau de couloirs de passage délimités et balisés dans certaines parties. Mais ces dernières années, l’état des ressources pastorales a connu des perturbations avec l’extensification des cultures, la pression foncière et les changements climatiques. On a ainsi assisté à l’occupation progressive, par l’agriculture, des terres de l’intérieur et de certaines aires de pâturages, à la disparition des jachères et à la fermeture des voies d’accès aux points d’eau et des couloirs de passage. Cette dégradation des ressources fourragères est due essentiellement à la nature des sols qui sont de plus en plus lessivés, les facteurs climatiques et la pression de pâture qui a fait régresser les bonnes espèces fourragères et proliférer les espèces envahissantes non appétées, essentiellement Sida cordifolia qui prolifère à une vitesse vertigineuse dans la vallée du Goulbi N’Kaba.

Ressources forestières : Le palmier doum (Hyphaene thebaica) constitue la principale ressource forestière du Goulbi N’Kaba. Au Niger, les feuilles du doum constituent un exemple de produit forestier non ligneux dont la filière semble la plus porteuse après celle du bois. En effet, presque toutes les parties du palmier sont réutilisées : le bois de ses stipes est utilisé pour la construction de maisons, les fruits et le coeur du palmier pour l’alimentation humaine et animale, et les feuilles et tiges pour le tissage de paniers, nattes, cordages et chapeaux, plusieurs parties servent de combustible et le broutage des feuilles par les animaux. Dans les années 1960, un peuplement dense de palmiers doums occupait toute la vallée. La doumeraie était alors traditionnellement réservée comme une aire pastorale et un couloir de passage pour les transhumants. Depuis la fin des années 1990, les deux tiers de la superficie de la doumeraie étaient déjà mis en culture, il n’en restait qu’un parc relictuel. En termes écologiques, la doumeraie est fortement dégradée, mais il reste encore150 000 arbres adultes et un important potentiel de régénération.

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