Warrantage /Oignon

Stockage-crédit : la filière oignon s’apprête pour le warrantage

Cette note a été présentée à l’atelier «  éplucher l’oignon » organisé les 30 novembre et 1er décembre 2010 à Birni N’Konni dans la région de Tahoua (Niger). Cet atelier avait pour objectif de partager les résultats de la recherche action menée par la SNV Niger (www.snvworld.org), et le Centre de Développement d’Innovation de l’Université de Wageningen des Pays-Bas (www.cdi.wur.nl/uk), en collaboration avec la FCMN Niya et Agri-Bilan. Le but des activités de cette recherche action était d’identifier des possibilités d’action collective pour tous les acteurs dans la chaîne de valeur d’oignon. Le focus est sur des ‘leviers’ pour induire des changements qui rendent la filière oignon à la fois plus compétitive, inclusive et durable. L’atelier a regroupé une centaine de participants dont plus de 80% des producteurs d’oignon.


En stockant plus et mieux, les producteurs peuvent gagner des milliers de F.CFA supplémentaires. Sur le plan national, la valeur ajoutée additionnelle se chiffre dans les milliards. Pour réussir des stratégies de stockage et de vente différée, il est important qu’elles soient couplées avec des instruments financiers appropriés qui sont à la hauteur des producteurs et leurs organisations. Le stockage crédit est un tel instrument. Il a le potentiel de rendre la culture d’oignon plus rentable, aussi bien pour les exploitations agricoles que pour l’économie nationale.

Pour plusieurs raisons la filière d’oignon s’apprête bien pour le warrantage. L’oignon est un produit conservable. Les producteurs adoptent déjà des stratégies de vente différés et pratiquent le stockage. Sur le plan technique, il y a des expériences de plus en concluantes, aussi bien par rapport aux abris qu’aux pratiques de stockage. Sur le terrain, les bénéfices des stockeurs privés et coopératifs montrent que le stockage est une bonne stratégie d’investissement.

Les bas prix au moment de récolte est le plus souvent doublé ou triplé après 3-5 mois de stockage. Plusieurs organisations, dont ANFO et FCMN sont en train de former leurs membres et coopératives de base, aussi bien sur le plan technique que financier.

Un début de collaboration avec banques et IMF est observé. Les expériences pratiques vécues renseignent sur les meilleures modalités pratiques pour financer le stockage de l’oignon. Les conditions semblent alors réunies pour que les institutions de finance rurale s’investissent davantage dans le crédit warranté pour le stockage d’oignon. Pour des résultats durables, il est crucial de traiter le stockage-crédit comme une activité commerciale des producteurs. Sur la base d’une telle attitude entrepreneuriale, il est possible de collaborer avec les institutions de finance rurale. Ces derniers exigeront certes que la gestion des risques soit mieux développée.

Les pertes de stockage

Aussi sur le plan macro-économique, les enjeux sont énormes. Avec les paramètres issus de la recherche action (campagne 2010), il est possible de se faire une idée de l’ampleur des pertes de stockage, aussi bien en termes de volumes, qu’en termes financières. Les paramètres de calcul sont les suivants : (i) c’est surtout la région de Tahoua (producteur de trois quarts de la production nationale) qui stocke beaucoup d’oignon ; (ii) environ 30% de la production est stocké ; (iii) la perte de stockage est environ 30% ; (iv) un sac acheté à 11 000 FCFA au moment des bas prix se vend à 25 000 FCFA après 3 mois de stockage.
Sur la base de ces paramètres, on constate que les pertes de stockage se chiffrent à environ 250,000 sacs de 120 kg, soit presque 1000 tellems (1) de 30 tonnes ! Cette perte représente 6.6% de la production nationale et une valeur de plus de 6 milliards de FCFA. Bien qu’il soit impossible de réduire les pertes de stockage à zéro, il est tout de même clair que le manque à gagner est très grand.

(1) Un « tellem » est un camion semi-remorque (Note du RECA)

Combien un petit producteur pourrait-il gagner avec le stockage ?

Regardons le cas d’un petit producteur qui récolte 3 tonnes d’oignons (25 sacs). En 2010, en vendant à la récolte, il trouve 275 000 FCFA (25 fois 11 000 FCFA). Il pouvait aussi stocker, perdre 30% de poids et vendre les 17,5 sacs restants à 25 000 FCFA, soit une somme 437,500 FCFA. La différence entre vente directe et vente après stockage est dans ce cas alors 162 500 FCFA. En considérant les frais de production, ce gain fait la différence entre une activité qui est à peine rentable et une activité qui génère vraiment des revenus. Et, en réduisant le taux de perte, le bénéfice économique peut être encore plus élevé. Si le même paysan n’avait qu’une perte de stockage de 15%, ce qui est possible avec des abris de stockage modernes, il gagnerait encore 93 750 FCFA en plus.

L’enjeu de financement du stockage d’oignon

Les possibilités de création de valeur ajoutée sont énormes. Il en est de même pour les besoins de financement. Pour réduire les pertes de stockage, les producteurs doivent améliorer leurs itinéraires techniques. Cela sous-entend le financement des activités productives (crédits de campagne) et la construction d’abris de stockage modernes (crédits d’investissement et/ou appui des bailleurs de fonds). Pour augmenter le taux de stockage, il faut aussi créer des conditions permettant aux producteurs de ne pas brader leur production pour rembourser les dettes de la campagne de production. Si les petits producteurs avaient les moyens, ils allaient certes stocker, comme les grands producteurs et commerçants font déjà. Le crédit warranté ou le stockage-crédit est une solution potentielle pour ce défi.

La note présente des exemples concrets et chiffrés de warrantage.

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