Pastoralisme / modernité et mobilité

« Modernité, mobilité » : le pastoralisme, des atouts certains face au changement climatique ?


Contrairement aux idées reçues, les pasteurs d’Afrique se montrent à même de résister au changement climatique et de générer d’énormes bénéfices économiques pour leurs pays et leurs régions, selon un livre que publient aujourd’hui l’Institut International pour l’Environnement et le Développement (IIED) et SOS Sahel UK, livre auquel le Réseau Billital Maroobé a participé à l’élaboration.

Le livre, intitulé « Modernité, mobilité », montre que, loin d’être le mode de vie archaïque et démodé si souvent dépeint, le pastoralisme contribue en réalité de manière considérable à de nombreuses économies africaines. Et son importance devrait croître encore davantage alors que les effets du changement climatique s’intensifient

En effet, Les pasteurs, qui ont été accusés pendant des décennies d’être à l’origine de la dégradation de l’environnement, sont désormais reconnus comme de bons gardiens des environnements variables et les externalités environnementales positives qu’offrent des pâturages bien gérés sont désormais communément admises (comme p.ex. le fait que les pâturages sont l’écosystème terrestre ayant le potentiel de séquestration de carbone le plus élevé, et que la gestion pastorale de ces zones influences directement cet état de fait).

« Si l’élevage sahélien a pu survivre jusque là, c’est grâce à sa mobilité. Elle représente (…) le besoin de protéger les champs et celui de maximiser la productivité des animaux », explique le Professeur Ali Nouhoun Diallo, ancien président de l’Assemblée Nationale du Mali et du Parlement de la CEDEAO, dans la préface du livre. « L’urbanisation, la poussée démographique, les conflits entre éleveurs et agriculteurs accroissent certes les défis des sociétés pastorales. Mais ils ne remettent en cause ni le principe de la mobilité, ni la capacité des ces sociétés à se moderniser.

Le pastoralisme est aussi un moyen d’éviter les vecteurs de maladie dans certaines régions, d’optimiser les échanges avec d’autres utilisateurs fonciers (résidus de récolte en échange d’engrais animal), d’accéder à différents créneaux du marché (P. ex. la vente de l’excédent de produits laitiers ou l’achat de denrées de base ou de médicaments pour les animaux) ou encore de rejoindre des membres du clan pour un festival saisonnier (Eggol au Niger) afin d’acquérir et/ou de partager des informations(les zones propices, les zones à risque,….), ou rechercher des moyens d’existence complémentaires.

Modernité, mobilité montre comment le pastoralisme joue un rôle clé pour la prospérité économique des zones arides d’Afrique en soutenant des centaines de millions de personnes, ainsi qu’une énorme filière de viande, de cuir et de peaux.

« Ce qu’il y a de remarquable, c’est que tous ces bénéfices sont générés par des animaux se nourrissant exclusivement de pâturages naturels », d’après Ced Hesse, chercheur à l’IIED et l’un des auteurs du livre. « Les intrants financiers sont minimes, mais les bénéfices vont rapidement au-delà des éleveurs et de leurs communautés pour enrichir la vie de millions de personnes impliquées dans la filière y compris des consommateurs dans des villes éloignées. Il est donc essentiel de soutenir les pasteurs africains en raison de leur contribution au développement économique plus vaste. »

Selon ce livre, les pasteurs profitent en fait de la variabilité climatique, et ce contre toute attente. « Le caractère variable et imprévisible de l’environnement ne constitue pas un obstacle pour les éleveurs sahéliens. Au contraire, il fait partie de leurs stratégies de production. Ces stratégies consistent en des pratiques de déplacement, de reproduction et de gestion des troupeaux pour qu’ils utilisent le fourrage le plus riche possible afin d’optimiser la production de lait et de viande, dans des environnements où les plantes à teneur nutritionnelle élevée ne poussent pas partout en même temps », soutient Saverio Krätli, un co-auteur du livre et éditeur du journal Nomadic Peoples. « Tant que les conditions spécifiques de ces stratégies de production sont respectées, le pastoralisme peut, à l’image d’autres systèmes hautement fiables, être moderne et parfaitement intégré dans l’économie de marché. »

Pour soutenir la mobilité, il ne faut pas procéder à des investissements financiers gigantesques mais plutôt changer la mentalité des décideurs politiques et des bailleurs internationaux.

L’ouvrage constitue l’aboutissement d’un projet d’un an financé par la Fondation Howard G. Buffett.

Pour télécharger le livre Modernité, mobilité cliquer sur le lien / 3 Mo

Pour obtenir un exemplaire de Modernité, mobilité, veuillez contacter Boureima Dodo, Sécretaire Général du Réseau Billital Maroobé, billital@intnet.ne

Le Réseau des Organisations d’Eleveurs Pasteurs du Sahel Billital Maroobé est né à l’issue d’une assemblée générale constitutive, tenue les 16 et 17 décembre 2003 à Dori. Son siège se trouve à Dori , dans la province du Séno au Burkina Faso.

Le Réseau regroupe des membres fondateurs, des membres adhérents, et des membres d’honneur. Les membres fondateurs sont :
- le Comité Régional des Unités de Production du Sahel (CRUS)/Burkina Faso ;
- Tassaght/ Mali ;
- l’Association pour la Redynamisation de l’Elevage au Niger (AREN)/ Niger.

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