Santé et pastoralisme

Des services de santé animale de qualité adaptés au pastoralisme en Afrique de l’Ouest.

Vétérinaires Sans Frontières Belgique / VSF Policy Brief N° 4 Mai 2016.

Bien que le pastoralisme ait des fonctions importantes au sein de nombreux pays et communautés en Afrique de l’Ouest, beaucoup de défis persistants empêchent le pastoralisme de réaliser pleinement son potentiel. En janvier 2016, dans le cadre d’une consultation mondiale sur le pastoralisme organisée par le réseau de VSF-International et ses partenaires, une rencontre a été organisée à Bamako, regroupant plus de 80 représentants de la société civile pastorale, pour identifier les défis et formuler des réponses.

La déclaration issue de cette rencontre souligne entre autres l’importance de la sécurisation foncière et de l’accès aux facteurs de production, ainsi que la nécessité d’avoir des services de base adaptés (dont l’éducation et la santé humaine et animale).

Pour qu’un système de santé animale soit efficace et puisse fournir des services de qualité au Sahel (et notamment dans les pays sahéliens enclavés), il faut qu’il soit adapté aux besoins du pastoralisme, et donc à la mobilité et à la transhumance. Ce système doit être accessible aux pasteurs qui vivent souvent dans de vastes régions reculées, peu peuplées et de ce fait moins susceptible d’attirer des docteurs vétérinaires pour s’y installer.

Au niveau national, certains pays concernés développent déjà ce genre de systèmes. En revanche, ceux-ci diffèrent fortement d’un pays à l’autre, ce qui pose problème pour les pasteurs qui pratiquent la transhumance au-delà des frontières. Il est donc primordial que les textes législatifs soient harmonisés (au niveau national et régional) et alignés aux consignes et recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE).

Services Vétérinaires Privés de Proximité (SVPP) et système de santé animale au Niger : best practice

C’est le titre de l’article : en français cela signifie meilleures pratiques ou pratiques exemplaires.

Afin d’offrir des services vétérinaires de qualité, fiables, accessibles (physiquement et financièrement) et durables aux éleveurs, en particulier les plus vulnérables, Vétérinaires Sans Frontières a conçu et développé l’approche des « Services Vétérinaires Privés de Proximité » (SVPP).

Le terme désigne un concept de santé animale communautaire, prioritairement orienté vers les zones enclavées. La dénomination « Services » souligne son rôle vis-à-vis d’une collectivité, le terme ‘vétérinaire’ fait référence au personnel qualifié dans le domaine de la santé animale, l’appellation ‘privé’ indique qu’il s’agit d’une entreprise indépendante de l’État, et le mot ‘proximité’ précise qu’il s’agit d’un service proche des éleveurs.

Le SVPP est composé de trois volets qui regroupent plusieurs acteurs, dont les éleveurs et leurs organisations constituent le noyau.
- Le premier volet concerne l’aspect pratique : un SVPP est composé d’une clinique vétérinaire rurale et d’un réseau d’agents communautaires de santé animale (ACSA) sous la responsabilité d’un docteur vétérinaire. Cette composante fournit donc les services de santé animale aux éleveurs-pasteurs. Son installation nécessite le respect d’une procédure, qui va de la sélection du vétérinaire à la formation des ACSA, en passant par l’organisation de formations spécifiques.
- Le second volet concerne le contrôle. Les SVPP fonctionnent sous la supervision du ministère de tutelle et des services techniques de l’État. C’est l’un des principes de base du SVPP, qui repose sur la privatisation des soins vétérinaires et la focalisation de l’État sur son rôle régalien en matière de santé animale. Le contrôle est également assuré par les associations d’éleveurs, qui ont un droit de regard sur les activités, le suivi et la qualité des services fournis et offerts.
- Le troisième et dernier volet concerne la sensibilisation des organisations d’éleveurs, des autorités locales, etc. Cet aspect est important afin de diffuser des informations autour de la santé animale de base, l’importance de la prévention, le rôle et la place de l’ACSA, etc.

Au Niger, le développement des SVPP a démarré en 2003. Grâce à l’appui de différents partenaires techniques et financiers et avec l’implication du Ministère de l’élevage, de nouveaux SVPP ont vu le jour au fil des ans. En 2014, le Niger comptait 16 SVPP avec un réseau d’environ 545 ACSA opérationnels, répartis sur 29 départements et couvrant 49% du cheptel national. L’approche ‘SVPP’ est aujourd’hui reconnue comme idéale au Niger pour assurer des services de santé animale de qualité aux pasteurs locaux.

L’approche ‘SVPP’ bénéficie aussi d’un ancrage législatif, ce qui lui permet d’être diffusée largement sur le territoire nigérien. Dans un arrêté définissant les missions des SVPP et leurs conditions d’installation, une division claire entre rôles et responsabilités des services vétérinaires publics et privés est incluse. La législation fait notamment mention des ACSA, reconnus comme des acteurs-clés. Ils bénéficient d’un statut juridique, doivent suivre une formation standardisée et reçoivent un certificat leur permettant d’exercer leur travail. Le cadre de suivi et de supervision de ces ACSA est lui aussi bien défini par la loi. Celle-ci indique également clairement que les para-professionnels peuvent uniquement exercer sous la responsabilité des services vétérinaires publics ou privés.

L’exemple des SVPP et leur ancrage dans la législation nigérienne peuvent donc inspirer d’autres pays dans la région et inciter les institutions d’intégration régionale à harmoniser les lacunes au niveau des cadres existants.

Télécharger la note ici L’intégralité de la note de VSF Belgique est à lire sur le site d’Inter-réseaux Développement rural, 6 pages, 1,2 Mo :

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